Journal intime

LA SURPRISE D’ALICE

L’expérience et le point de vue d’un homme sur l’éjaculation féminine

Michel reilhac

Décembre  2010 à Paris


C’était le milieu de l’après midi et j’étais à poil en train de me raser dans la salle de bains. J’avais la tête ahurie et les petits yeux  de ceux qui ont passé des heures à baiser. C’était un moment de suspension, où la douche et le rafraîchissement sont comme une halte ravitaillement dans une course d’endurance.

J’étais presque en train de finir la deuxième joue quand, soudain, venant de la chambre, les hurlements d’Alice m’ont fait presque peur. Elle criait et dans ses cris il y avait de la surprise, de l’émerveillement, comme un ahurissement, une stupeur.

Le temps que je finisse et que je me rince en vitesse le visage pour aller voir ce qui se passait, Alice avait cessé de crier.

Je l’ai rejointe dans les draps froissés, baignés du soleil de ce week-end suisse supposé nous « oxygéner » grâce à l’air pur des montagnes ( tu parles d’une oxygénation : on passait tout notre temps au lit…).

Pourquoi tu avais crié comme ça Alice ?

Alice venait de connaître à 31 ans sa première véritable éjaculation féminine.

Elle était complètement sous le choc de la surprise.

J’avais voulu lui faire une surprise en lui offrant un joujou magique : un vibromasseur américain très puissant qui ressemblait à un gros microphone des années 70 avec une tête en mousse dure. On avait joué un peu avec ensemble dans l’après midi. Mais la curiosité aidant elle avait poussé l’expérimentation un peu plus loin, sans moi, tandis que je me lavais. L’efficacité redoutable de l’engin avait fait de ce premier essai un coup de maître, en quelques minutes seulement, …Sans aucune pénétration, par une simple application de l’engin vrombissant contre son sexe pourtant déjà a priori rassasié, Alice était devenue en un clin d’oeil une femme fontaine. Les draps sous elle étaient littéralement trempés.

Et j’avais loupé ce moment inouï, pensant naïvement que nous étions en train de faire une pause…

Alice était abasourdie de sa découverte.

Et moi aussi.

Alice cherchait à me décrire, ce qu’elle avait ressenti dans les moindres détails, cherchant frénétiquement les mots pour ses sensations tellement inédites, tellement fortes. Elle était comme une enfant émerveillée par sa découverte. On comparait nos plaisirs de femme et d’homme : serions nous vraiment pareils au fonds ? Le volume considérable de sa cyprine (cette eau si soyeuse, un peu huileuse et très claire qui était sortie d’elle) nous impressionnait : combien de centilitres en avait elle produit ?… D’où venait-elle ? Où était-elle stockée secrètement ? Pourquoi cela ne s’était jamais produit pour elle jusque là ? Pourquoi maintenant ?

Vite emportés par le désir de vérifier si ça pouvait marcher à nouveau, et comme j’avais raté ce moment d’extase exceptionnel mais solitaire, à demi allongé sur le dos, je pénétrais Alice assise à califourchon, face à moi. Je pouvais voir nos deux sexes imbriqués l’un dans l’autre. Encore une fois, j’étais elle, elle était moi.

Une fois à nouveau progressivement possédés par notre désir, en plein vol vers notre excitation commune, Alice, empoigna le « micro » qu’elle appliqua au dessus de nos deux sexes, à l’endroit pile où ils s’imbriquaient l’un dans l’autre. Il vibrait comme un moteur d’avion miniature à l’entrée de son sexe encore trempé où je m’activais en elle. Elle semblait savoir exactement où appliquer la pression, au dessus du clitoris,( pas du tout là où j’aurais penser devoir le faire si on m’avait laissé tout seul la responsabilité d’explorer et découvrir…) tandis que nos sexes dansaient voluptueusement, à leur rythme…Nos deux corps, luisants de sueur, affamés l’un de l’autre, entièrement soumis à leur rut, pulsaient et s’arque boutaient, comme soudés l’un à l’autre…

Enivré par notre transe, je n’avais pas vraiment prêté attention à ce que faisait Alice avec son engin. Mais je me suis rendu compte au bout d’un moment, que coincé en quelque sorte entre sa vulve et mon pubis, juste à la racine de mon sexe et tout contre le sien, ses vibrations puissantes résonnaient en moi autant qu’elles semblaient la rendre dingue, elle. La grosse tête de l’engin amplifiait absolument toutes les sensations. Je sentais ma queue vibrer profondément en elle, je pouvais même visualiser mentalement l’intérieur de mon périnée et ma prostate comme électrifiés par cette vibration qui se propageait à l’intérieur de moi, parfaitement adaptée à notre excitation. Alice était survoltée. Je pouvais ressentir ses contractions internes, de plus en plus puissantes, de plus en plus fortes et longues. J’avais le sentiment de descendre avec elle dans des régions inconnues, profondément englouties de son corps, dans des zones totalement vierges de son excitation que je ne reconnaissais pas et que j’avais l’impression de découvrir avec elle pour la première fois, émerveillé. Dans notre frénésie, je la sentais totalement concentrée, les yeux fermés pour mieux explorer les nouvelles contrées de son plaisir.

Puis c’est arrivé à nouveau, presque sans crier gare. Surgissant du plus profond d’elle-même, cherché par elle mais en même temps sans qu’elle ne le contrôle ni ne le choisisse vraiment,  quelque chose en elle s’est à la fois intensément tendu et totalement relâché.

Le silence d’Alice, trahi par quelques soupirs profonds, n’était en fait qu’un hurlement réprimé et contenu. Quand, en ouvrant grand les yeux sur la puissance qu’elle réveillait en elle en cet instant, elle décida à ce moment là de libérer enfin son cri et sa jouissance, un jet limpide et puissant, abondant et soutenu fut propulsé de son sexe, m’inondant littéralement le ventre, la poitrine et la gorge. Elle hurlait comme si sa vie toute entière était en jeu, ses yeux écarquillés par l’intensité de ce qu’elle était en train de ressentir. Et son flot semblait ne plus pouvoir s’arrêter. Je ruisselais sous elle. Nous hurlions tous les deux, emportés par sa joie comme une vanne qui lâche et qui emporte tout dans son flot.

Puis nous nous sommes assoupis comme ça. L’un d’entre nous a du avoir le réflexe d’éteindre l’engin vrombissant.

Le soir au dîner nous étions comme fous. Nous ne parlions que de ça : se pourrait-il que toutes les femmes soient donc des femmes fontaines en puissance ? Le sexe des femmes est-il en fait comme celui des hommes, mais tout à l’intérieur ? D’où vient la cyprine ? Où est-elle stockée ? Est ce que, comme les larmes, elle se fabrique instantanément ? En si grande quantité ? De quel orifice sort-elle exactement : du même orifice que l’urine ou bien par le vagin ? …

J’avais déjà dans le passé eu quelques partenaires féminines qui avaient massivement éjaculé en jouissant. Mais je ne m’étais pas posé de questions particulières à ce moment là…J’avais entendu parlé des femmes fontaines et je pensais que j’étais tombé sur un des rares spécimens de cette espèce un peu étrange qui avait comme un don, rare et un peu honteux…Je n’avais jamais creusé la question, sans doute parce qu’il s’agissait de partenaires occasionnelles sans attachement ni véritable connaissance sur la durée.

Là il s’agissait d’autre chose pour nous , pour moi. Alice et moi avions une véritable affinité, très sexuelle mais pas seulement. Elle m’intéressait beaucoup comme femme, comme personne. Sans parler vraiment d’amour, nous avions un vrai lien.

Stupéfaits de notre ignorance, abasourdis par la puissance de ce que nous venions de vivre, nous avons passé une partie de la nuit à rechercher sur internet les réponses à nos questions. Une fois traversées les inévitables images pornographiques liées aux femmes fontaines (nous avons ainsi découvert les sites spécialisés sur le « squirt » ),  nous avons commencé de découvrir ébahis que la morphologie sexuelle féminine et les mécanismes du plaisir féminin étaient eux-mêmes des territoires tout nouveaux de la recherche dans lesquels des découvertes capitales avaient été faites tout récemment. Comment pouvaient-on à notre époque de surenchère d’innovation technologique permanente ignorer encore une partie fondamentale de l’anatomie féminine, celle du clitoris ? Et, encore plus fort comment avait-on pu ne pas savoir jusque là que les femmes ont une prostate ( oui : LES FEMMES ONT UNE PROSTATE … !) ?

Emerveillés, abasourdis par tant de découvertes extraordinaires, par le sentiment qu’il y avait tout un monde de connaissances cachées sur l’anatomie féminine qu’il nous fallait découvrir d’urgence, nous nous sentions comme équipés de corps neufs, redéfinis, réinventés. Comment avaient-on pu rester si longtemps dans l’ignorance de choses aussi fondamentales et essentielles ? Comment à notre époque d’innovations technologiques constantes pouvions-nous imaginer que le corps des femmes pouvait comporter encore des zones inconnues, inexplorées, sur lesquelles la science commençait à peine de se pencher ? Pourquoi l’étude approfondie et la connaissance des mécaniques du plaisir sexuel restaient-elles aussi rudimentaires encore de nos jours ? Pourquoi jamais personne ne nous avait enseigné ces splendeurs de nos corps d’humains jusqu’à ce que nous les découvrions fortuitement ?

Incrédules et subjugués, nous n’avons évidemment pas pu résister à l’envie de vérifier et approfondir nos nouvelles connaissances, tout en continuant notre propre exploration amoureuse.

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